Les autres

Vous avez grandi dans une société, une famille, avec, sans ou contre : qu’elle vous ai été bénéfique, absente ou malveillante, c’est par rapport à cette société, cette famille que vous vous êtes construit. Vous êtes allé à l’école, les expériences forgées l’ont été aussi avec des maîtres, des professeurs, des camarades dans le cadre imposé de l’institution.
Vous avez poursuivi peut-être des études, vous avez rencontré des gens de terrain, des spécialistes, vous avez commencé à travailler, il a fallu vous intégrer à un collectif de travail.
Vous vous êtes dit ou demandé :
“Ma porte de bureau doit-elle être ouverte ou fermée ?” (c’est vrai, à l’heure de l’open space la question devient obsolète, mais…)
“Je dois terminer mon rapport avant ce soir, je n’arrive pas à me concentrer avec mon collègue qui raconte ses vacances au téléphone depuis ce matin. Il est peut-être dispensé de reporting d’activité lui ?”
“Quand j’appelle mon collègue pour échanger sur le prochain comité de projet , il ne décroche jamais. Pourtant je sais qu’il est là. Si je me déplace, je vais perdre du temps.”
“Dans le projet X127G, il n’y a que moi qui tiens les délais, les autres sont tous en retard et le chef de projet commence à s’inquiéter sur la tenue des objectifs. Les réunions deviennent pesantes, les autres ne viennent plus et moi je subis sa mauvaise humeur.”
“Je participe à un projet avec des gens d’autres services, mais ils ne savent pas travailler ! On ne comprend même pas ce qu’ils disent, ils ont un de ces jargons”
A chaque phrase, à chaque question, les autres. Bien ou mal, mais les autres. Les coachs, les psys expliquent qu’à chaque situation, c’est soi-même qui crée le contexte. C’est certainement vrai, mais au boulot, pas le temps de se regarder le nombril. Et pas les moyens de payer un coach à chacun. Alors comment faire ?
Vous avez compris, n’est-ce pas, que mon propos est de souligner tout ce qu’il y a de collectif dans les actions que nous entreprenons. Vous avez tous en tête ce matin (ce ?) où la personne qui sortait du métro juste devant vous a lâché la porte sans regarder.
Voilà par exemple un acte de non-collaboration. Personne n’exige que l’on tienne la porte pour le suivant. Mais tous ceux qui ont un jour, suivi, savent combien est désagréable, douloureuse parfois, cette porte qui se referme devant votre nez. Et pour cette raison, on s’attend à ce que la porte soit retenue, le temps qu’on prenne le relais.
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Et bien la collaboration s’apparente à ce petit geste : il n’est pas nécessaire, il est logique de mon point de vue, il me facilite la vie. En plus pour peu qu’il soit accompagné d’un sourire et d’un remerciement ou simplement d’une attitude ouvertement bienveillante, pour beaucoup, il crée du plaisir, réveille l’énergie, décuple les efficacités, bref, c’est tout bénéfice pour chacun et pour le groupe qui l’accueille.

Je vais expliquer au long de ce blog, les éléments factuels à mettre en place pour que le collectif de travail s’oriente sur ce qu’il a à faire, avec efficacité, voire avec plaisir et  engagement. Car les méthodes existent, simplement nous n’avons jamais appris à les mettre en œuvre : peu en famille, presque jamais à l’école, pour l’immense majorité des plus de 30 ans pas dans l’enseignement supérieur, et sûrement pas dans le monde des organisations. Pour les moins de 40 ans, l’interaction avec les autres relève aussi d’autres phénomènes dont nous parlerons aussi : le sens et la cohérence.

Tout seul !

Aujourd’hui, je vais interpeller ceux qui veulent faire ou réussir “tout seul”. Répondez à ces questions tout seul, mais honnêtement.

Qu’avez-vous réussi tout seul ? Etes vous certain que personne n’est intervenu dans le processus de réussite ? Toutes les idées viennent de vous ? Tous les outils que vous utilisez sont votre invention et votre fabrication ? Si c’est le cas, à qui vendez vous ? A qui achetez vous votre matière première ?

Et si quelqu’un est intervenu, auriez-vous pu réussir sans cette intervention ?

Etes-vous absolument certain qu’on puisse réussir quelque chose tout seul ? Vous arrivez à accomplir des tâches unitaires seul, mais l’enfant qui est en vous le sait : vous fermez la porte seul, mais le mur qui soutient la porte c’est quelqu’un d’autre qui l’a construit, et l’immeuble a été dessiné par un architecte…

J’entends d’ici vos “oui, mais…” et je vous réponds : “Vous avez raison, mais…”

Je prends un exemple : Un commercial négocie avec succès un contrat avec un client. Il est seul face au client. Nous sommes bien d’accord. Mais, qui va réaliser le contrat ? Qui va s’assurer que ses clauses sont respectés ? Et s’il est seul en freelance ? Il y a fort a parier que même dans ce cas, il n’est pas arrivé là tout seul : l’expertise qu’il vend aujourd’hui, c’est bien au contact d’autres qu’il l’a développé.

Si on déplace le point de vue, si on élargit la prise de vue, toujours les autres rentrent dans le champs à un moment. Dans le cadre d’activités professionnelles, il n’est pas nécessaire de s’éloigner beaucoup pour rencontrer les autres. Avant il fallait au moins passer la porte de son bureau, maintenant et malgré les open spaces, les mails, les fils de discussion tombent sur le bureau numérique sans frapper. Quoique vous fassiez, l’autre attend “au coin du bois”. Comme le loup ?

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Encore un blog ?

Si l’idée d’un blog me trotte dans la tête depuis très longtemps, c’est parce que je ne trouve pas sur la toile ce que j’aimerai lire sur les thèmes qui m’occupent :

  • relations entre les métierscommunication-1015376_640
  • vision des métiers
  • métiers nobles ou moins
  • l’organisation au travail
  • le jeu entre individu et collectif
  • coopération
  • collaboration
  • compétition.

C’est essentiellement autour de ces sujets que je publierai, très certainement avec quelques incursions plus précises au pays du recouvrement et de la gestion du risque clients -mon métier d’origine, et qui m’a beaucoup inspirée- et quelques digressions liées à l’humeur du jour.

Mon objectif et mon ambition : discuter avec vous de vos expériences, de vos espoirs, de vos craintes avec la volonté de vous aider à comprendre mieux les mécanismes du « travailler ensemble », leurs limites et leurs forces, pour vous permettre de les utiliser pour vous, pour vos collaborateurs et partenaires, pour vos organisations. Parce je suis convaincue qu’à plusieurs, on peut avancer plus vite et mieux, mais pas n’importe comment, mais pas à tout prix. Je l’ai expérimenté, ou refusé de le mettre en pratique parfois aussi. Parce que nous devons trouver les moyens de nous réconcilier avec nos environnements de travail, et que nous ne pouvons y arriver qu’ensemble. Il est loin le temps où un individu pouvait réussir seul (s’il a jamais existé). La somme des connaissances et des compétences à mettre en œuvre est telle que chacun doit avancer avec d’autres, pour le meilleur et en évitant le pire.

Femme de terrain, capable d’adapter ma vision au besoin de mon interlocuteur, je manipule beaucoup les images et les analogies pour mettre des situations complexes à la portée de ceux qui ne les vivent pas. De ceux qui les vivent aussi parfois. S’il m’arrive de vous faire sourire, de vous faire réagir, de vous émouvoir, pourquoi pas, j’aurai atteint une partie de mon objectif. Si vous partagez cette réaction avec les lecteurs de ce blog, j’aurai atteint un autre objectif.

Même quand je parlerai technologie, outils -nous vivons avec-, je vous parlerai d’hommes et de femmes au travail : de vous, de moi, d’eux.